Montres connectées, télévisions connectées, téléphones connectés, frigo connectés, ados connectés, adultes connectés, enfants connectés, chiens connectés …. Du plus petit objet au plus grand, c’est surtout nos yeux qui sont collés comme des bestioles sur un tue mouche, à des écrans de toutes sortes. Pour les mouches le destin est funeste, mais pour nous, il est encore temps de réagir.
On le lit, un peu partout, la « mode » est au lâché prise, apprendre à revivre avec soi, redécouvrir le goût des choses simples à la Herta. Si l’on écoute tout cela, on s’imagine déjà courir entièrement nu, dans une forêt vierge, entouré de biches et de lapins pendant qu’on entonne nos musiques Disney préférées …
15 years ago, the internet was an escape from the real world. Now, the real world is an escape from the internet.
— Noah Smith (@Noahpinion) 28 août 2017
Il y a 15 ans, Internet était une échappatoire du monde réel.
Aujourd'hui, le monde réel est un échappatoire à Internet.
Mais voilà, il y a un petit hic dans la belle histoire, être soi et se revendiquer soi c’est la base même de cette sur-connexion, Je m’aime donc je suis et donc vous m’aimez.
Mais si, on t’a bassiné avec ça.
Viens sur Facebook, tu retrouveras tes amis et ils aimeront ce que tu fais.
Viens sur Twitter, tu pourras écrire des messages tout petits, et tu pourras être le premier à lâcher le tweet, qui sera partagé des milliers de fois.
Viens sur Instagram, pas besoin de savoir faire de photos, nos filtres feront le nécessaire, tu n’auras qu’à prendre une photo de paysage et on s’occupe du reste…. ouais ok, on déconne, prend en photo ton cul dans un miroir ça ira plus vite, tu pourras avoir 10000 likes en une heure …
Mais voilà quand on promet la même chose à beaucoup de monde, on se retrouve dans la situation, où tout le monde veut que la promesse soit tenue. Le réseau social ? lui il t’a menti, oh le vilain pas beau, il t’a ouvert la porte, offert un chocolat chaud, il t’a dit que tu étais unique, que tu étais le seul qui comptait à ses yeux et plus jamais, il ne te quitterai …
Le traitre…
La première douche froide, c’est quand tu t’aperçois que ton lieu d’égotrip favori est rempli de tes clones, les mêmes vacances à la Baule, le même restaurant qui était selon toi, ton petit repère secret, le même road trip aux Etats-unis sur les traces d’Elvis Presley et de Dick Rivers …
Bah oui mon couillon, tu te croyais unique, tu croyais que ta vie valait le coup d’être partagée parce qu’elle est si singulière. Pas vraiment, tu es juste le clone n°10992189 dans un serveur paumé à côté du cercle polaire … Tu te sentais tellement mieux sur ton petit blog, à partager tes petits billets d’humeurs sur ta collection de Pin’s. Je te rassure, être visible sur les réseaux sociaux, c’est un emploi à plein temps … Surtout si tu ne sponsorises pas tes posts (il faut les moyens pour ça … ou un sérieux problème)
Liste rapide de ce que je ressens sur chaque réseau quand je me connecte :
- Facebook est pollué de contenus que les autres aiment ou pense qu’ils aiment. Pas forcément ce que toi tu partages.
- Twitter, où tu peux follower très peu de monde et avoir un feed de qualités. Mais ce qui t’intéresse c’est d’être suivi pas de suivre, du coup tu te plies aux règles du Twit’Game, je te suis donc tu me suis.
- Instagram n’a pas fait de toi un photographe de talent, car le filtre ne fait pas tout, l’oeil y ait pour beaucoup et quand tu vois les comptes qui marchent, tu te dis que tu n’as juste pas les moyens de faire 10 restos par semaine, de partir en voyage une fois par mois ou faire le tour du monde tous les 4 mois…
Et pourtant tu continues coûte que coûte cette course … Et quand il y a plusieurs millions de personnes sur la ligne de départ de ce marathon social, difficile d’être le premier à l’arrivée.
En plus, ce petit sacripant de réseau social, il te vend, pas toi directement mais ton temps de cerveau disponible. Et du temps de cerveau, on lui en donne en masse.
Petit Calcul :
En moyenne dans le monde, on passe 2h sur les réseaux sociaux par jour, 14h par semaine, 56h par mois, 672h par an … et imagine tu vis 90 ans, tu as commencé les réseaux sociaux à 13 ans et ton dernier mot est un like sur la page des Fanzouzes Nostalgiques, ça te fait 77 ans sur les réseaux sociaux soit 51744 heures, soit 2156 jours, soit 71 mois, soit 5 putains d’années à scroller un feed …
C’est ce calcul assez simple qui m’a fait réfléchir à ma façon de consommer les réseaux sociaux, je vais donc vous partager ma petite expérience personnelle …
Voici mon TOP 10 des choses à faire pour vivre sereinement déconnecté …
Non, franchement, il y a encore des gens qui lisent des TOP 10 ?
Bref, petit moment d’expérience:
- Facebook ? Je scroll, je ne like presque jamais, commente très peu, partage encore moins et parfois je publie parce que je sais que ça va faire marrer 5-6 personnes, ou je publie une photo que je trouve jolie, pour que dans 3 ans Facebook me demande de la re-partager.
- Instagram ? Je ne scroll pas, je ne like pas, je publie de temps en temps pour partager une belle photo, n’étant pas fan de la photo mobile, la majorité de mes photos sont prises avec mon appareil photo non connecté, on est un peu loin du côté « instantané » du réseau.
- Linkedin ? Je m’y intéresse beaucoup depuis peu, j’y trouve certains articles intéressants cachés entre les articles bullshit sur comment booster mon business en 10 astuces très simples … On a l’impression d’être dans un système pyramidal géant où tous les vendeurs de méthodes miraculeuses se réunissent pour le banquet de fin d’année.
- Twitter ? Je n’y vais pas, je n’ai jamais vraiment réussi à m’y mettre, les 140 caractères qui promettent une lecture facile et rapide sont finalement plus chronophage qu’écrire un article de 1000 caractères pour exprimer une idée …
Voilà, jusqu’à présent, je ne me considérai pas comme accroc, mais c’est suite à une semaine de déconnection que je me suis dit mais merde, tu n’es pas actif mais tu es un putain de passif.
Première chose que j’ai fais quand j’ai eu du réseau, j’ai fait un checkup complet pour voir si je n’avais rien manqué …. Suspense …. encore un scroll … ah bah non comme la semaine dernière … Tout ça parce que je ne souhaite rien manquer, ça me donne l’impression d’avoir de l’avance et de savoir plus de choses mais au final est-ce que c’est si important que ça d’être au courant de tout, tout de suite.
C’est de là que m’est venue la question : Comment exister en étant déconnecté ?
Question difficile, n’est-ce pas ? Je t’invite à y répondre dans les commentaires si tu as du temps à tuer … et que tu n’as rien d’autres de plus important ou intéressant à faire.
Concrètement au vu de mon utilisation des réseaux sociaux, je n’y existe pas vraiment, je dois à peine peser 100 Mo sur les serveurs, mais j’y existe passivement surtout sur Facebook en y passant beaucoup de temps sans y participer.
Ce qui m’a fait prendre conscience de cela, c’est deux octogénaires, l’une a un compte Facebook, un smartphone, un ordinateur portable et une tablette. L’autre a une télé et un téléphone fixe et aucune box internet. Chacune à quelques jours d’intervalles et sans se connaitre m’ont dit : « Arrête d’être systématiquement collé à ton engin » On parle bien du téléphone hein …
Et là dans ma petite caboche de mouche obnubilée par la lumière bleue, je me dis : « Mais putain ouais, à elle d’eux, elles cumulent plus de 160 ans d’expérience, d’histoires à raconter, de tranches de vie, et toi tu restes là à lire un truc qui existe depuis 11 ans …. » Alors oui, j’entends déjà dire qu’avec toutes les personnes connectées sur le réseau, ça fait des milliards d’histoires que je peux écouter et lire … Mais je sais pas ça manque d’authenticité et de vécu, il y a comme un truc qui me gène … Comme si nos vies devaient suivre les pratiques du storytelling, comme si nous étions un produit qu’il faut vendre, mais vendre à qui ?
Du coup les histoires perdent leurs saveurs, tout ce que l’on dit est public, on s’autocensure (Sauf Morano et Trump qui pensent que c’est un journal intime), on évite certains sujets pour ne pas froisser, mais merde … Le Web c’est fait pour être vécu aussi, si tu lui enlèves tous les petits plaisirs de la vie, il lui reste quoi au web … On ne l’a pas plongé dans l’alcool à 90°, heureusement il reste des trolls, toujours là pour faire la bonne blague au bon moment et c’est vrai, c’est marrant … mais pour le reste ?
J’avoue que je me pose la question, plutôt que de liker la page WWF ou Greenpeace, est-ce que je ne devrais pas plus m’engager auprès d’eux ? Est-ce que partager c’est militer ? Plutôt que de pisser des kilo octets de texte, je ne devrais pas plutôt faire des actions … faire moins mais mieux ?
Et si plutôt que passer 2h par jour à scroller, je réservais ces 2 heures à des choses plus concrètes ? Et si les 5 ans de ma vie sur les réseaux sociaux, je les transformais en 5 ans de bons souvenirs ? Des souvenirs que je garderai égoïstement avec ceux avec qui je les ai partagés.
Je ne dis pas qu’il faut forcément s’engager dans une association, mais plus penser à soi en tant qu’être humain avec des envies, des besoins, des projets … et que transformer les minutes de connection en minutes de moment avec sa moitié, d’écriture, de visites de musées, de séances de cinéma, de cuisine, de relaxation etc …. Cela donnerai un peu plus de sens …
Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont prouvé largement leur utilité à des moments clés et parfois douloureux, c’est aussi le meilleur moyen de s’informer rapidement (quand on n’est pas trop couillon pour croire aux « Fake » News et autres articles mi reptiliens / mi illuminatis), c’est aussi un moyen pour découvrir de nouvelles choses, s’inspirer, s’évader mais il faut que cela soit raisonné.
Je ne crois pas à la déconnection complète, les cures dans les abbayes, se donner des règles etc … Si ça marche pour vous tant mieux, je crois à la connection raisonnée, trouver un sens à ce que l’on fait et pourquoi on le fait ? Et pas dans un but existentiel néfaste, on ne s’accomplit pas sur les réseaux sociaux mais ils peuvent donner un coup de boost à son accomplissement quand on en a besoin, comme Linkedin qui est un excellent outil pour gérer sa carrière. Facebook est utile aussi pour suivre les copains à l’étranger et les anniversaires (j’ai rien trouvé d’autres, vous pouvez compléter dans les commentaires).
Par contre, il faut souvent y faire le ménage, Facebook c’est un peu comme le grenier quoi … On y entasse de vieilles connaissances, en pensant qu’on s’en resservira un jour … J’aime bien l’idée de base d’Instagram, dans l’idée de partagé les photos que je trouve belles et intéressantes, ça fait des souvenirs quand on en poste pas 100 par jour, c’est sympa de revenir en arrière et de se remémorer les bons moments, à condition de l’avoir un peu vécu sans son téléphone à la main évidemment …
Une réponse à “Comment exister en étant déconnecté ?”
Le droit à la déconnexion est bien utile.
Cordialement.